Le terme de plan social reste largement utilisé dans le langage courant mais officiellement, le terme approprié est celui de Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE).
Il concerne les entreprises d’au moins 50 salariés prévoyant des licenciements économiques d’au moins 10 salariés sur 30 jours. L’élaboration d’un PSE est alors obligatoire, sous peine d’entraîner la nullité des licenciements. Il est établi par accord collectif ou, à défaut, par un document unilatéral de l’employeur
Le plan social a pour objectif de limiter les licenciements (reclassement, formation, mobilité…) mais également d’en organiser les modalités. Ainsi, il prévoit les différents critères permettant de déterminer l’ordre des collaborateurs touchés par le licenciement.
Mais qui est concerné par ces critères d’ordre ? Quels sont les différents critères possibles ou interdits ? Quelles conséquences pour l’entreprise en cas de non-respect ?
Périmètre d’application de l’ordre des licenciements
Déterminer l’ordre des licenciements est une étape obligatoire pour tout licenciement économique, sauf dans certains cas précis.
Quels salariés sont concernés ?
En principe, les critères d’ordre des licenciements concernent tous les salariés de l’entreprise.
Néanmoins, le PSE peut prévoir que la procédure de licenciement ne concernera qu’une partie du personnel. Par exemple, les salariés d’un ou plusieurs établissements.
Dans ce cas, ces employés sont choisis sur l’ensemble des établissements concernés et situés sur la même zone d’emploi.
En outre, les critères s’appliquent à l’ensemble des employés appartenant à la catégorie professionnelle concernée par les suppressions de poste, sans discrimination. Par exemple, une charge de famille nombreuse ne peut pas être considérée différemment selon l’origine des salariés.
L’ordre des licenciements ne s’applique pas à un emploi déterminé mais à tous les salariés exerçant « des fonctions de même nature et supposant une formation professionnelle commune.
Il en résulte que le salarié dont le poste est supprimé n’est pas forcément celui qui sera licencié. Inversement, un salarié dont le poste n’est pas supprimé peut être licencié en application des critères liés à la catégorie professionnelle.
Dans quels cas la définition de ces critères d’ordre n’est pas obligatoire ?
L’employeur n’est pas tenu d’établir un ordre de licenciement dans les cas suivants :
Quels sont les différents critères d’ordre ?
Les critères sont définis par convention ou accord collectif ou directement par l’employeur. Attention, certains critères sont interdits !
Les critères peuvent être définis par la convention collective ou par accord collectif. Dans ce cas, l’employeur a l’obligation de les appliquer tels qu’ils sont prévus.
Critères définis par l’employeur
À défaut de convention ou d’accord collectif, l’employeur fixe lui-même les critères d’ordre de licenciement. Cette procédure nécessite au préalable de consulter le comité social et économique (CSE), sous peine de délit d’entrave.
Dans ce cas, il doit se conformer aux dispositions de l’article L1233-5 du code du travail, prévoyant notamment les critères suivants :
Cette liste n’est pas exhaustive et l’employeur à une certaine marge de manœuvre. Il peut :
Zoom sur les qualités professionnelles. L’employeur doit s’appuyer sur des éléments objectifs et vérifiables lors d’une procédure de plan social économique. Ainsi, la seule possession d’un diplôme n’est pas suffisante.
Par exemple, il peut tenir compte du système d’évaluation des salariés ou, à défaut d’un tel système, s’appuyer sur le montant des primes d’assiduité.
Il peut également prendre en considération le dossier disciplinaire des employés, sous conditions :
Les critères interdits
C’est le cas des critères discriminatoires, liés par exemple à :
De même, le licenciement d’un salarié à temps partiel fondé uniquement sur ce motif est interdit.
En revanche, la cour de cassation a déjà considéré que le critère lié à la possibilité pour le salarié de bénéficier d’une pré-retraite n’est pas discriminatoire.
Modalités et sanctions en cas de non-respect
Avant de détailler les conséquences en cas de non-respect de ces critères par l’entreprise, voyons quelles modalités sont prévues en termes d’information des collaborateurs.
Information des salariés
Il ne s’agit pas d’une obligation de l’employeur mais d’une possibilité offerte aux salariés (art. L 1233-43).
Les collaborateurs licenciés peuvent en effet demander à l’entreprise le détail des critères ayant conduit à leurs licenciements.
Cette demande doit s’effectuer dans un délai maximal de 10 jours suivant le départ de la société. Elle se fait au moyen d’une lettre recommandée avec accusé de réception ou d’une lettre remise en main propre contre décharge.
L’employeur a alors l’obligation de répondre dans un délai de 10 jours suivant la remise ou la présentation de la demande.
À défaut de réponse, ou en cas de réponse tardive, la société s’expose au paiement de dommages et intérêts, en fonction du préjudice subi par le salarié. Ils sont cumulables avec une éventuelle indemnité de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Non-respect des critères d’ordre, quelles conséquences pour l’entreprise ?
L’employeur qui ne respecte par l’ordre des licenciements s’expose à une amende de 750 euros par salarié concerné (contravention de 4ème classe).
Il devra également réparer le préjudice subi par le salarié par le paiement de dommages et intérêts.
Pour autant, ce non-respect ne prive pas le licenciement de cause réelle et sérieuse.
Élu(e)s du Comité Social et Économique, n’hésitez pas à faire appel à notre cabinet VigiCE pour toutes demandes d’expertise liées aux projets de restructuration sociale prévue dans votre entreprise.
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